Ange et démon
Il était une fois, un ange nommée Aurore, un
ange déchu à la recherche du bonheur. C’était une charmante jeune fille, les
cheveux cuivrés ondulés, le regard profond et discoureur. Elle se battait jour
et nuit contre le mal qui régnait sur la terre ; se demandant si cela
servait à grand-chose.
Un
jour, en esquivant un coup, son pied s’enfonce dans un trou entre deux nuages.
Perdant l’équilibre, elle se laisse tomber cramponnant son épée, espérant que
ses ailes puissent la remonter, hélas elles ne battent plus, sûrement à cause
de son manque profond d’amour qui la hante depuis longtemps et qui lui fait
perdre espoir. La chute ne fut pas longue mais lui semblait s’éterniser. Elle
tomba sur terre dans un grand fracas, juste devant une drôle de bâtisse qui illustrait
parfaitement l’état de son cœur, le choc et la douleur lui fit perdre
connaissance.
Cette
maison était en fait la demeure du Comte Shadow ; le bruit de l’accident
le réveilla, et, par simple curiosité, il alla voir ce qui ce passait. Il
enfila sa longue cape noire et pourpre, son grand chapeau noir, ses lunettes de
soleil et sorti. A sa grande surprise, il découvrit le corps gisant d’Aurore
devant sa maison. Blottie contre son sabre, son visage était pâli par la
douleur, mais elle semblait sourire légèrement, ses ailes avaient perdu
quelques plumes qui étaient parsemées autour d’elle. Le comte eut d’abord envie
de goûter à son sang angélique, mais s’arrêta, un essor d’humanité l’envahit et
il décida de l’emmener chez lui afin de la soigner.
Quand
Aurore se réveilla, elle était étendue sur un lit douillet à souhait. C’était
un grand lit à baldaquins datant du moyen âge avec de grands rideaux épais
pourpres, à côté d’elle, il y avait une table de chevet en bois de chêne où
était posé un bocal avec les plumes qu’elle avait perdu, plus loin, il y avait
une petite chaise avec des vêtements sombres pliés en dessous de son épée, la
fenêtre était garnie d’un vitrail sans signification (des carreaux de
différente couleurs), la porte était épaisse comme celles que l’on faisait avant.
Intriguée, Aurore se leva, se rendit compte qu’il faisait froid et décida donc
d’enfiler les vêtements qu’elle trouva sous son arme ; c’était une grande
robe prune et noire en velours et en dentelle, il se trouva qu’elle était à sa
taille, drôle de hasard ! Méfiante, elle ouvra la grosse porte qui
inévitablement grinça, elle passa la tête et regarda. La porte donnait sur un long couloir qui
conduisait à un escalier. Elle sortit avec prudence dégainant son sabre, on ne
sait jamais ! Elle se dirigea à pas de velours vers l’escalier, descendit
sur la pointe des pieds pour ne pas faire craquer les marches, arrivée en bas,
elle se trouvait dans un hall sinistre (NDR : style la belle et la bête).
Elle s’avança vers le salon où se dressait une table garnie de mets raffinés
avec pour seul éclairage un chandelier en argent forgé.
Toujours
armée, elle observa attentivement la pièce, il faisait sombre (les rideaux
étaient tous tirés) soudain elle sentit une présence, une aura puissante juste
derrière elle. Elle se retourna d’un coup, brandit son épée et se retrouve nez
à nez avec le comte. Tout en gardant son calme, le comte baissa le bras d’une
Aurore tétanisée. Elle le regarda avec ses grands yeux et ne parvient pas à
parler, elle l’observe ; est-ce celui qui l’a recueillie ? Aucun
doute ! Il n’était pas grand, ses cheveux châtains bouclés coiffés aux
quatre vents lui cachaient un œil, ses yeux étaient comme la coquille d’une
noisette, son regard était percent et délicat à la fois, elle sentit une grosse
boule dans sa gorge et fondit en larmes. Le comte la regarda un instant et
comprit qu’il fallait qu’il fasse quelque chose, il se baissa au niveau de la
pauvre petite créature qui s’était agenouillée, hésita un instant, puis la prit
dans ses bras sans rien dire. Un long moment passa, Aurore avait arrêté de
pleurer depuis un bon bout de temps mais ne bougeait pas. Dans le silence l’un
dans les bras de l’autre, le temps semblait s’être arrêté.
Le
temps passa, et Aurore pouvait de nouveau voler. Mais elle restait là, elle
aimait cet endroit. La guerre était loin d’elle maintenant, et elle était
heureuse.
Depuis
quelques jours le Comte avait l’air pensif, il ne mangeait plus beaucoup et
regardait souvent Aurore avec attention. Quand il la voyait, il sentait des
coups dans le fond de son poitrail, c’était douloureux et agréable en même
temps ; c’était chaud et ça le rendait heureux, pourquoi ? Il ne
comprenait pas. Son cœur, qui, depuis très longtemps ne battait plus, s’était
remis en route, et il battait de plus en plus fort quand il voyait Aurore.
Quand à celle-ci, son visage s’empourprait dès qu’elle croisait son regard,
alors elle déployait ses grandes ailes et se cachait dedans. Cela dura des
mois. Jusqu’au soir où, un jour de janvier, n’en pouvant plus de cette
sensation étrange, le comte décida d’aller voir Rain la chamane. Elle n’était
pas grande, mais ses pouvoirs, eux, la dépassaient largement.
Elle
habitait une petite chaumière dans le bois près du manoir. Le comte avait pris
l’habitude d’y aller quand il se sentait mal, elle ne lui donnait jamais
d’élixirs, il n’en avait pas besoin, elle lui remontait juste le moral. Arrivé
devant la porte, il aperçut une lueur à la fenêtre, il souri : Rain n’avait
pas changée, elle s’éclairait toujours à la bougie ! Il frappa treize fois
à la porte à intervalles réguliers comme il en a l’habitude. La porte s’ouvrit
lentement en grinçant, et Rain apparut dans toute sa splendeur un grand sourire
aux lèvres :
-
Alors
Shadow, t’es amoureux ?
-
Quoi ?
comment ça ?
-
Ca se
voit !
Le comte ne
comprenait pas ce qu’elle voulait dire, elle avait sûrement raison :
-
Explique moi,
c’est quoi ? j’ai mal là !
Il lui montrait la
place de son cœur, il ne fallut pas longtemps à Rain pour comprendre.
-
T’es amoureux
tout simplement, dis moi, quand ressens-tu cette douleur ?
-
... c’est
étrange quand je la vois j’ai mal mais la douleur devient agréable ...
-
Qui
« elle » ?
-
L’ange ...
-
Et bien, c’est
simple, tu aimes cet ange ...
-
Je
l’aime ?!
Il avait oublié ce
que c’était, il était content, il savait maintenant ce que pouvait éprouver les
humains qu’il égorgeait si souvent pour se nourrir. Il remercia Rain et s’en
alla léger, comme sur un nuage. Il monta les escaliers, passa au travers du mur
de la chambre d’Aurore et la regarda. Elle dormait déjà, roulée en boule dans
ses ailes. Il allait rester là des heures, mais il avait un peu sommeil, il
alla donc se coucher dans sa chambre, juste à coté.
Aurore se réveilla de bonne heure,
elle avait rendez-vous dans la chaumière du bois d’à côté chez une vieille
amie. Elle descendit, ou plutôt, elle vola vers la porte d’entrée, traversa le
parc, puis arriva à la chaumière. Elle frappa sept fois, on ne sait pourquoi,
puis Rain arriva comme la veille mais ne dit rien :
-
Rain ! ça
faisait longtemps !
-
Ah Aurore !
C’est toi, d’où tu viens ? je croyais qu’il fallait beaucoup d’énergie
pour aller sur terre !
-
Mais j’ai élu
domicile pas loin, c’est bien ici ya pas la guerre !
-
Tu habites au
manoir ?
-
Oui...
-
Ah donc tu
connais Shadow !
-
Euh, tu veux
parler de M. le comte ?
-
Ahahahahahah !
« M. le comte » ! Appelles-le Shadow, c’est son nom.
-
... d’accord,
dis, tu peux m’expliquer ce qu’il a, tu as l’air de bien le connaître, il est
étrange...
-
Ah tu n’es pas
au courrant ! C’est simple, tu n’as qu’à ouvrir ton cœur et tu sauras.
-
...Merci du
conseil, bon je vais y aller ... à bientôt !
Aurore avait
comprit, elle se sentait légère et s’envola jusqu’au manoir. Là elle monta
l’escalier et se dirigea vers la chambre de Shadow. Elle frappa à la porte qui
s’ouvrit lentement faisant apparaître un comte à moitié endormi :
-
Ah ... salut
... euh je ne te dérange pas ?
-
Non, j’allais
me réveiller de toute façon ! qu’y a-t-il ?
-
Vous voulez
bien dîner avec moi ce midi, ça me fera de la compagnie, je me sens seule ces
temps...
-
Bah oui, pas
de problème !
-
Merci, à tout
à l’heure !
Et elle repartit
vers sa chambre laissant un Shadow complètement déboussolé. Il s’empressa de
s’habiller convenablement (c'est-à-dire : assortit à Aurore) et demanda à
son fantôme cuisinier de lui préparer un bon repas. Quand à Aurore, elle,
restait calme dans sa chambre et coiffait sa chevelure en souriant et en
fredonnant un chant mélancolique. A l’heure du repas Shadow était prêt et
attendait avec impatience l’arrivée d’Aurore. Elle n’arriva pas par l’escalier,
comme prévu, mais derrière Shadow qui sursauta en s’apercevant de sa présence.
Aurore profita du repas pour lui parler :
-
dites moi,
qu’avez-vous en ce moment ? vous avez l’air rêveur...
-
euh... ce
n’est rien ne vous inquiétez pas !
Sur ces mots le
conte baissa la tête se sentant rougir.
-
comme vous
voudrez M. Shadow
-
vous
connaissez mon nom ?
-
bien
sur ! mon amie me la dit !
-
qui est
ce ?
-
une nécromancienne
du nom de ...
-
Rain ??
-
Oui comment
savez vous cela ?
-
C’est une amie
aussi
-
Ah quelle coïncidence
!
-
Oui... que
vous a-t-elle dit à mon sujet ?
-
Rien, elle ne
veut rien me dire sur vous
-
Ah ...
-
En tout cas
elle à l’air de bien vous connaître !
-
Oui en effet
...
Après le dîner, ils
allèrent dans le par cet s’installèrent devant l’étang gelé. L’eau glacée
scintillait au soleil et les toiles d’araignées étaient garnies de perles de
glace le spectacle était féerique ! Les mains d’Aurore devenaient
glaciales, histoire de se rapprocher plus de Shadow, elle lui demanda de les
lui réchauffer, celui-ci ne refusa pas mais se mit à rougir. Ces mains étaient
grandes et douces, et les doigts d’Aurore se réchauffaient. Au bout d’un
moment, Aurore décida que c’était le bon moment ; il fallait qu’elle se
lance, elle glissa ses doigts entre ceux du comte et posa sa tête sur son
épaule. Shadow ne bougea pas, resserra sa main sur celle d’Aurore et se mit à sourire. Il sentait une chaleur
l’envahir, cela le rendait heureux. Les cœurs des deux jeunes gens battaient si
fort qu’il semblait que des gens tombaient sur la glace comme des baguettes sur
une caisse claire.
Le soir,
s’installèrent près de la cheminée et se regardaient d’un air complice et
timide. Seul le feu semblait parler, il chantait seul en dansant sur les bûches
à moitiés carbonisées. Aurore étant fatiguée s’endormit près du conte, celui-ci
la porta jusqu’à sa chambre la posa sur son lit et s’en alla vers sa chambre.
Il s’avança vers son cercueil et si laissa tomber, le couvercle se referma sur
un Shadow au sourire béat.
Le lendemain, Aurore se réveilla
avant tout le monde, comme d’habitude, alla vers la chambre de Shadow, ouvrit
la porte doucement et s’approcha du cercueil. Elle l’ouvrit délicatement et
inspira un grand coup pour hurler :
-
Debout il faut
se lever !
Shadow se réveilla
en sursaut et découvrit Aurore en train de rire aux éclats.
-
ah c’est toi
... tu m’a fait peur espèce de folle !
-
ahahahahaha !
tu dormais comme un bébé !
-
ah... bah et
toi hier ! j’ai du aller te coucher !
Et ils se mirent à
rire pendant quelques instants. Après cela ils prirent un petit déjeuner ensemble
et allèrent voir Rain.
-
salut !
-
ah vous venez
ensemble maintenant ?!
-
ouip !
-
oui !
-
alors, Aurore
tu t’es écoutée ?
-
oui ...
-
et toi,
Shadow, tu vas mieux ?
-
oui !
Rain sourit et leur
proposa de déjeuner avec elle et ils passèrent la journée tous les trois.
Les jours passèrent, Shadow et
Aurore coulaient des jours heureux. Leur amour était grandissant de jours en
jours. Rien ne pouvait les séparer.
Un jour, alors qu’ils dînaient
tranquillement à l’ombre des chênes, Rain arriva en courrant. Elle semblait
affolée, elle s’avança vers aurore qui la regardait avec étonnement.
-
Aurore...
c’est affreux !... les anges ... avis de recherche ...
-
Je n’ai rien
compris ! calme toi et explique moi !
Rain s’arrêta un
instant et repris plus calmement :
-
les anges ont
lancés un avis de recherche ! Ils ont appris que tu était toujours en
vie !
-
quoi ?!
mais c’est impossible ! avec une chute pareille je n’avait qu’une chance
sur 1000 de m’en sortir ! et puis je ne suis plus de leur côté, j’ai une
nouvelle vie !
-
tu ne pourras
pas leur échapper, tu le sais bien, ils sont impitoyables quand il est question
d’archanges qui désertent, c’est pareil pour les anges déchus...
voila ! bonne lecture !
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Jeu 31 Mai 2007, 20:57
